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Dernier ajout – vendredi 15 novembre 2024.

Inauguration de la donation d’une œuvre de Jérôme Delépine du Fonds culturel de l’Ermitage au Département des Hauts-de-Seine

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Chers amis de l’Ermitage, je salue en votre nom le sénateur Xavier Iacovelli, la député Valérie Cordon, la VP de la Région Anne Louise Mesadieu…
Je suis heureuse que ce tableau soit ici, je loue ce projet départemental « Un mois une œuvre », si vous êtes intéressés de l’heberger un temps au service des juniors ou des seniors de vos communes, je vous invite à contacter Elise de Blanzy.
Le département a la même mission pédagogique que l’Ermitage, crée sous l’égide du ministre Jack Lang. A ce sujet je voudrais dire à la principale du collège Sylviane Santamaria que je serais heureuse d’accueillir ses collégiens.
Mais surtout je voudrais vous présenter Jérome Delépine.
Pourquoi m’a-t-il touché ? Il fut mon 8e lauréat. Chaque artiste a une blessure qu’il transforme en perle et ce faisant se remplit de joie et nous remplit de joie. Jérôme voit mal depuis l’enfance mais vit la peinture comme un sacerdoce, il peindra alors ce qu’il voit, un monde mystérieux de lumière et de clair-obscur. Tout se passe comme si moins il voit le visible, mieux il voit l’invisible avec le voile de l’abstraction. C’est donc un classique figuratif à la limite de l’abstraction en ces temps d’art conceptuel. C’est un peintre introspectif dont la musique accompagne ses yeux malades.
Pourquoi l’ai-je invité à l’Ermitage ? J’aime son caractère, chez un peintre le caractère est pour moi aussi important que l’œuvre, L de Vinci était un génie et un ange aussi. Jérôme est un combattant calme, qui prend en compte le temps qui passe, qui doute de tout mais pas de ses émotions qu’il nous transmet comme pour se consoler. A l’Ermitage il a aimé les occasions de créer du sens et des rencontres multidisciplinaires. Comme tous les artistes de l’Ermitage il s’interroge sur l’ère anthropocène. La place de notre être au monde. Il a décidé de sortir des impasses de la modernité à la lumière de l’Anthropocene. Il a pris le parti de présenter l’humanité à ce que devrait être sa vraie place face aux éléments. Humbles, infiniment petits sous l’immensité d’un ciel et la puissance de la nature, admiratifs et contemplatifs.
En quoi s’inscrit-il dans le paradigme de l’art contemporain ? Il pense que le paradigme de l’art n’a pas changé. L’essence de l’art est toujours la même quête sans cesse renouvelée. Ceci étant il ne s’inscrit pas dans le paradigme de l’art contemporain, Il pense, mais sans amertume, que l’art contemporain est une mode qui finira par faner, un dogme institutionnel initialement imposer par l’hégémonie américaine d’après-guerre, et que certaines institutions ont faits évolués vers un art officiel, et vers un « business art mondialisé ».
Quel serait son musée imaginaire ? Les images qu’il propose naissent des paysages qu’il a vu ou cru voir, car ils sont souvent inventés ou transformés par ses souvenirs. Des portraits sont soit l’interprétation d’images, soit le résultat de son imagination. Souvent ces images, figuratives ou abstraites, naissent et prennent vies par un jeu de va-et vient, de construction et de destruction, d’ombre et de lumière, au gré d’un instant toujours guidé par des notes de musique, cette musique qui porte son geste, et sur laquelle il s’appuie pour trouver le rythme de ses propres compositions. Son musée imaginaire est inspiré par les peintres de la lumière : Rembrandt, Turner, Zao Wou- Ki, il serait ouvert au dialogue entre les arts et s’affranchirait de l’austérité de l’accrochage muséal et des diktats du classement chronologique. L’art participe du même élan, quel que soit les cultures et les époques qu’il traverse.
C’est pourquoi à l’Ermitage, on peut faire cohabiter l’art ancien et l’art d’aujourd’hui.
Pourquoi ai-je fait donation à mon département ?
Parce que c’est ma mission que d’offrir à un musée une œuvre de l’un de mes lauréats : l’année dernière au Musée des Avelines, cette année au MAE, l’année prochaine au FRAC Bretagne. La peinture de Jérôme Delépine construit des images qui prennent le chemin de l’âme. Il existe dans sa peinture une lutte entre la lumière et l’ombre, qui pourrait figurer la lutte entre la résilience et la résignation. Dans cet entre-deux, entre le clair et l’obscur, dans ces brumes, c’est peut-être l’Humanité qui se cache, en proie au doute.
La vérité de l’humanité c’est certainement ce paradoxe, tout comme la vérité d’un ami c’est la moitié d’un traitre et ce faisant ce traitre révèle à l’ami ce qu’il peut faire sans lui.
Le message de Jérôme pourrait être le suivant : que faudra-t-il réinventer pour se laisser aller à vivre enfin dans la lumière du monde ?
C’est pourquoi il me touche tant et c’est pourquoi je suis heureuse de cette donation.

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